PIERRE-EMMANUEL BARRÉ

En 1864, le Grand Café chinois - Théâtre Bataclan est édifié par Charles Duval en moins de dix mois. Le Bataclan est un établissement aux dimensions imposantes, de la forme d’une pagode chinoise. "Ba-Ta-Clan" est une expression populaire pour désigner un attirail considérable dont on veut se dispenser d'énumérer les objets. Le spectacle au Bataclan était, en effet, une accumulation d'artistes en tous genres, sans cohérence. Ainsi, bien plus qu'au spectacle en lui-même, c’est à l’architecture que le public s’intéressait dans un premier temps. L'après-midi on venait, pour la somme d'un franc, admirer la vaste salle de 2500 places, dont la voûte, alourdie de chimères, n’était supportée par aucune colonne.  Faute de spectateurs, la société fondatrice ne put supporter les charges. 

En 1865, le Bataclan fut revendu à Pâris et c'est lui qui donna au temple chinois l’orientation nouvelle et définitive qui fit sa réputation. Il congédia les acrobates et les danseurs pour les remplacer par des petites comédies empruntées aux vaudevillistes à la mode : Scribe, Bayard... Et programma d’importantes parties de concert. 

A la fin du XIXe siècle, le Bataclan perdit de sa popularité. Jusqu'à ce qu'en juin 1905,  Gaston Habrekorn , un célèbre poète-chansonnier, mette fin aux malheurs de la pagode quadragénaire. Auteur de "chansons sensuelles", Habrekorn sut faire revenir boulevard Voltaire le public qui l'avait déserté, grâce à la nature un peu "spéciale" des ses spectacles ! 

Dans les années 50, le Bataclan, chef-d'œuvre architectural de Charles Duval est partiellement abattu et, pour raison de sécurité la salle doit être refaite. La nouvelle salle, plus modeste (1350 places), est inaugurée le 12 décembre 1952.